Pionnier du développement durable, l’agroéconome américain Lester R.Brown est, à 73 ans, une référence écologique à l’échelle planétaire. Mais au-delà du concept de trajectoire d’effondrement actuel de l’écosystème auquel selon lui aucune économie ne peut survivre, il propose une alternative, un « Plan B » à mettre d’urgence en œuvre…
Fruit de la collecte d’informations chiffrées, de statistiques mondiales, de rapports internationaux d’experts recueillis dans son centre de recherche, le Worldwarch Institute de Washington, puis de l’Earth Policy Institute, a depuis bien des années valeur de mètre étalon dans le domaine de la prospective écologiste. Lester B. Brown n’est pas seulement un statisticien, un économiste libéral, c’est aussi un humaniste. Cassandre ou visionnaire ? Il en appelle en tout cas à une véritable révolution environnementale. Dans son « Plan B », Brown analyse chapitre par chapitre l’état déprimant des lieux. Cela va de l’épuisement annoncé des énergies fossiles en passant par le déficit planétaire à venir en matière de réserve d’eaux douces, l’accélération de la déforestation, l’érosion des sols, la pression du changement climatique, l’accroissement des inégalités et l’augmentation des réfugiés politiques, économiques, environnementaux, la menace du terrorisme… Bref tout est lié. Tout semble inscrit, écrit pour annoncer le cauchemar annoncé, cet effondrement de civilisation mis en perspective dans l’ouvrage de Jared Diamond « Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » (Gallimard 2006).
Pour autant, Lester B. Brown n’assiste pas en témoin à l’accélération du chaos planétaire. D’abord parce qu’il a, au long de sa vie, été autant un acteur de l’économie et de l’environnement qu’un témoin. Il a aussi cultivé une vision globale, transversale, qui lui permet d’anticiper des stratégies. C’est ce qu’il propose dans une seconde partie de son ouvrage consacrée à la remise en état de la planète, à la construction d’un autre futur, d’un monde où la question du progrès écologique deviendra centrale. Cela passe d’abord, au-delà des mots, par une prise de conscience de la gravité et de l’urgence de la situation à laquelle nous sommes confrontés. Les principes, tout le monde les connaît. Ils sont de bon sens : restauration des écosystèmes et ressources naturelles, développement des programmes d’éducation, de santé… Tout cela représente un coût phénoménal, mais demande surtout une volonté politique, une restructuration de l’économie et la capacité du marché à dire la vérité écologique, à s’inscrire dans la voie vertueuse du respect de l’environnement. Le protocole de Kyoto, tout imparfait qu’il soit montre le chemin à suivre individuellement et collectivement. Les médias ont aussi à faire leur révolution, à faire croître la compréhension, la pédagogie des enjeux et la mobilisation des publics. « Ce que nous avons à faire est faisable ». Il n’existe pas de fatalité, mais seulement des volontés, prévient Brown. À nous de lire, de l’écouter… Et surtout d’agir !
Le plan B
Pour un pacte écologique mondial
Lester R.Brown
Préface de Nicolas Hulot
Calmann-Lévy/ Souffle Court Editions - 2007